Chantilly a vécu cent ans au rythme de la plus grande usine française de fabrication de matériel photographique fondée en 1892 par le chimiste René Guilleminot, fils de Gustave Guilleminot qui avait créé à Paris en 1858 la plus ancienne fabrique de surfaces sensibles au monde.
La rue Guilleminot et les grands bâtiments qui la bordent évoquent le souvenir d’une entreprise incontournable à Chantilly pendant un siècle : l’usine de produits photographiques Guilleminot. Pionniers de la photographie et grands employeurs de la ville, les Guilleminot ont marqué le paysage, la vie économique et la vie sociale de Chantilly.
L’usine de Chantilly
L’usine de Chantilly est un modèle d’intégration verticale : tout est fabriqué sur place pour maîtriser les coûts. Elle réunit un laboratoire chimique (pour élaborer les formules et innover), un atelier plaque de verre (découpe, rodage des champs, lavage, séchage, pose des émulsions), un atelier papier (barytage, coulage, séchage, rembobinage, découpe au format contrôle, mise en boite), un atelier des produits (fabrication, dosage, mélange, mise en flacons), une imprimerie (pour la fabrication du papier à lettre aux factures, en passant par les étiquettes, les pochettes, etc…) un atelier de cartonnage et de menuiserie (pour l’emballage), un atelier maçonnerie – peinture (pour l’entretien de l’usine et des logements des ouvriers), une flotte de camions pour les expéditions et un service administratif (secrétariat, comptabilité…). La maison sort jusqu’à 4 km de papier par jour et emploie 250 ouvriers. Les produits Guilleminot et leur célèbre « Pierrot » sont diffusés dans le monde entier.
Un exemple de paternalisme
L’entreprise Guilleminot est un exemple de paternalisme. La vie est laborieuse mais adoucie par de multiples propositions offertes sur le temps libre par une amicale : les employés de l’usine et leur famille bénéficient de sorties et voyages organisés en groupe par l’entreprise avec les patrons dès 1929. Ils disposent aussi de droits de pêche, de jardins, de banquets avec orchestre pour les anciens combattants par exemple et même de séances de cinéma et de conférences. Ainsi les ouvriers consacrent leur énergie et leur temps libre à des activités organisées par l’usine, loin des bars, café, et autres lieux d’influence politique… Après des décennies de succès et une reconnaissance mondiale, l’usine Guilleminot ne résiste pas à la concurrence des géants KODAK ou FUJI et ferme ses portes en 1991. Mais le souvenir de cette entreprise qui a fait travailler des générations de Cantiliens, souvent sur plusieurs générations, reste très présent dans la mémoire des habitants et dans le paysage local.
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